Le Toit du Monde vous invite à son
Pot de rentrée
Extraits du discours de Lakhdar Attabi, président du Toit du Monde :
(…)
Cette rentrée, chers amis, se déroule dans un contexte inédit et important. Nombreux d’entre vous se rappellent les évènements de janvier dernier. Tout de suite le Toit du Monde a pris ses responsabilité pour agir, notamment sur le sujet de la laïcité, avec de nombreux partenaires. Demain a lieu le premier rendez-vous avec la conférence débat organisée par le Toit du Monde : Karim El Hadji, notre administrateur, traite l’histoire de la laïcité. Le 9 décembre le village de la laïcité place de la république et le 11 décembre une conférence avec Jérôme Grevy et Henri Pena-Ruiz.en partenariat avec la ligue de l’enseignement. Bien sûr d’autres évènements viendront s’ajouter à nos actions tout au long de l’année, je veux évoquer par exemple notre arrivée sur le quartier de Saint Eloi avec la création d’un atelier sociolinguistique.
Un mot aussi sur le monde en fête qui se veut être un temps de rencontre comme il l’a toujours été mais élargi à une dizaine de jours avec l’implication des maisons de quartiers.
Je ne dois pas oublier chers amis d’évoquer les évènements de ces dernières semaines, de ces derniers mois, je dois même dire les évènements de ces dernières années ou peut-être les évènements de toujours d’ailleurs …
Chers amis, il n’a y a pas un seul jour depuis sa création, où le Toit du Monde n’est pas confronté aux réalités de notre monde. Il s’est adapté à chaque fois que cela a été nécessaire avec la plus grande responsabilité que vous lui connaissez tous.
Le Toit du Monde n’a pas été silencieux au contraire. Il a parfaitement mesuré la teneur des réalités et il s’est exprimé librement par son président et sa Directrice sous décision du Conseil d’Administration.
Pour les journalistes qui nous ont appelés, nous avons redit la même chose. Le Toit du Monde n’a pas attendu pour réagir et il ne le fait pas au détour d’une information. Le Toit du Monde AGIT depuis sa création auprès de ces populations du monde qui souffrent, qui échappent, lorsque c’est possible, à la torture ou à la mort parce qu’ils se sont souvent exprimé ou agit au nom de la démocratie.
Bien sûr que les chiffres sont là et qu’il s’agit d’un exemple historique. Les réfugiés sont nombreux, et jamais ce nombre n’a atteint cette ampleur depuis les flux d’avant, pendant et après la seconde guerre mondiale. Oui 12 des 24 millions de Syriens, pour prendre cet exemple, sont déplacés dans leur pays ou refugiés à l’étranger. Oui il y a au moins 200 000 morts en Syrie depuis 2011. Nous n’avions pas attendu les médias pour agir, lorsqu’il fallait dénoncer ces réalités, le Toit du Monde a engagé le débat au sein de notre ville (je rappelle la conférence de Kamel Dorai organisée avec la Croix-Rouge). Un travail d’information a suivi avec la conférence de notre administrateur Karim El Hadji sur l’importance du monde arabo- musulman et son évolution dans le temps.
Le Toit du Monde a une parole libre, elle n’est pas réactive à telle ou telle exigence d’audience. Beaucoup de polémiques autour des réfugiés méconnaissent les différences entre migrants, demandeurs d’asile et autres … Tout ça, vous le savez, peut nourrir les amalgames et les pensées extrémistes qui gangrènent l’Europe et notre pays.
Mais il faut aussi défendre cette parole libre, cette façon de libérer les pensées. Celle qui permet de préserver la dignité ou de la reconstruire, et c’est là que vous avez raison de nous interpeler, de nous entendre. Je ne suis pas le seul, Président du Toit du Monde, à le savoir et à le comprendre !
J’aimerais pour preuve vous lire une partie du discours prononcé lors de la distribution des prix, au collège de Draguignan par Gustave Fourment, professeur de philosophie, libre penseur, le 31 juillet 1903 :
« Toute la dignité de l’homme consiste en la pensée libre ; ce serait offenser cette dignité que d’empêcher un homme de remplir sa fonction proprement humaine, c’est-à-dire, de penser librement. Il y a plus : cette pensée n’est pas seulement respectable quand elle se forme à l’intérieur de la conscience. Pour être véritablement, elle a besoin de se traduire en dehors : il faut qu’elle se fixe et se consolide par le langage, qu’elle se précise, se définisse et pour ainsi dire se clarifie en s’opposant par la discussion à des pensées différentes ; il faut enfin que nos actes lui fassent un corps »
Le député-maire de la ville de Poitiers s’est engagé dans cette démarche d’action ; il a effectivement cité le Toit du Monde et il est tout à fait légitime qu’il le fasse. Citer le Toit du Monde dans un collectif de ville n’est pas une attribution ni un appel à un contrat spécifique. Citer le Toit du Monde c’est reconnaître une expertise qui se réalise tous les jours avec de nombreux partenaires, des bénévoles et des salariés avertis, pour certains engagés depuis toujours, et c’est la reconnaissance de cette réalité qui m’importe, mais elle doit s’inscrire dans l’expertise globale pas simplement dans des circonstances immédiates et provoquées ou engagées momentanément.
Cette adhésion au principe de l’accueil de ces populations doit s’inscrire dans une action durable organisée, pensée et structurée. Il ne suffit pas d’ouvrir une porte d’un foyer pour régler les problèmes, il y a dernière tout ça un processus d’accompagnement administratif, des procédures difficiles, contraignantes, exigeantes en temps, en énergie en moyens, en courage et en détermination ; des procédures d’accompagnement souvent médicalisées, de soutien psychologique et bien au-delà, je pense bien sûr à la capacité d’accompagner dans la démarche d’intégration, d’apprentissage de la langue, de connaissance du droit commun etc.
Je ne veux pas être celui qui qualifie des nationalités plus que les autres. Les réalités géopolitiques qui ont amené les situations que l’on connait en Syrie ou en Irak sont certes dramatiques et l’urgence qui les accompagne l’est aussi, mais il y a d’autres situations dramatiques dans le monde qui méritent tout autant qu’on les évoque. Au-delà des cas syrien et irakien, beaucoup de pays connaissent la dictature, la guerre et l’oppression.
Quel personne, quel homme d’état, quel responsable peut préjuger d’une éligibilité au refuge, à l’immigration ou encore à l’asile en fonction des origines géographiques ? Lorsque le feu s’engage dans nos foyers, nous ne cherchons pas l’origine de l’eau pour l’éteindre ! Nous cherchons à agir ensemble pour ne pas engager le feu chez le voisin !
L’asile en France est, selon l’OFPRA, « la protection qu’accorde un État d’accueil à un étranger qui ne peut, contre la persécution, bénéficier de celle des autorités de son pays d’origine ». C’est un droit accordé aux personnes à qui est reconnue la qualité de réfugié ou octroyé le bénéfice de la protection subsidiaire.
Le droit d’asile a valeur constitutionnelle. Cependant, le plus souvent, c’est en application de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, modifiée depuis, qu’est reconnue la qualité de réfugié. Toutes les procédures autour de ces dossiers sont complexes.
En France, en 2011 il y a eu 76 765 demandes d’asile et 10 740 décisions positives. Avec 61 000 demandes en 2012, la France est le deuxième pays européen le plus sollicité.
Nous avons été présents dans les débats, nous en avons suscité sur ces sujets. Le Toit du Monde, je le redis agit. Il agit au quotidien, mais il faut dire comment.
Depuis la restructuration, c’est-à-dire depuis la suppression de la plateforme de la demande d’Asile, ce secteur a été maintenu. A l’heure où je vous parle, seuls des bénévoles agissent, avec une diligence qualifiée de certains salariés dans le conseil, mais c’est la caisse de solidarité qui permet de survivre. Nous aidons de manière très modeste les personnes démunies et blessées pour qu’elles retrouvent un jour leur capacité de penser et d’agir dans la dignité, d’agir librement pour leur vie. C’est aussi l’occasion de répéter l’importance de notre réseau de donateurs à qui revient la palme de la fidélité de l’envie et parfois même du devoir d’aider.
A l’heure où je vous parle plus aucun financement n’est octroyé dans le cadre de l’accès au droit en dehors de la CAF, du contrat de ville et de la ville de Poitiers. Cette somme est très insuffisante au regard des nécessités, pas un seul poste de salarié ne peut être assumé pleinement. Ce sont les bénévoles qui permettent l’accueil et l’accompagnement.
Ce sont toutes ces raisons qui me permettent de croire à une bonne nouvelle et à la volonté qui émane de l’État pour venir en aide à ces populations et reconnaître la nécessité d’organiser leur accueil. C’est certainement là que notre message auprès de notre député-maire doit être précis : s’il veut faire de ces questions le combat de l’avenir de notre ville dans sa capacité d’agir auprès des réfugiés, dans sa volonté de les accueillir avec des moyens appropriés, mesurés et assumés, c’est avec un plaisir partagé que nous solliciterons nos partenaires et agirons dans l’efficacité.